samedi, mai 12, 2012

Devoir sur les haies


Voici ce qu'Olivier trouve dans ses commentaires en attentes. La longue dissertation est signée du même prénom que celui du mail déclaré, mais accompagné d'un pseudonyme... Un commentaire ne peut être un article ; mais, ce qui semble un devoir d'écolier, avec ses fautes, n'est pas inintéressant et, j'espère que ce n'est pas le copier-coller provenant d'une ou plusieurs sources... Nous sommes donc dans le contexte de deux récentes Revues : Les Haies, c'est Bio et Haies are not Wall. Tout ce qui suit, jusqu'à l'adresse courriel est le contenu du commentaire supprimé chez Olivier.

La haie est une héritière du néolithique, période de la préhistoire qui voit la métamorphose du chasseur-cueilleur en agriculteur-éleveur. L'ouverture dans la forêt profonde marque la 1ère étape de la gestion des haies ; César décrit la Gaule "chevelue" comme une couverture forestière profonde, rompue de loin en loin par des champs ouverts. Paysage crée par l'homme, à des fins de culture et d'élevage, le bocage était né… Le bocage est le seul agro-système pouvant (se) maintenir indéfiniment, sans dommage pour la flore, la faune et les sols. Un équilibre naturel né de l'artificiel en quelque sorte.
A quoi sert une haie ? On peut supposer que la plupart des gens vont répondre que c'est une notion de frontière entre propriétés voisines. Une minorité lui reconnaissent un rôle de barrières climatique, notamment de paravent, au 1er sens du terme.
Constat et chiffres à l'appui: dans le cas des herbages, les graines de productions en régions bocagère, sont de 20 à 25% supérieurs à ceux relevés dans les prés dit "ouverts".Concernant les céréale, de multiples études font ressortir que les pertes de rendement liée à l'ombre des haie est largement compensée par les gains enregistrés dans les zones centrales des champs.
Par ailleurs et surtout, au niveau biologique, les haies sont de véritables trésors pour la faune et la flore. La haie a un "effet de lisière", une des grande loi de la nature, qui veut que les milieux situés à l'interface de ces deux biotopes soient d'une immense richesse : en ce cas la haie lui donne entièrement raison puisqu'elle empreinte des éléments à la fois du monde prairial et forestier, on peut dire que la haie est une "forêt linéaire".
Ce n'est pas le hibou moyen duc venu passé l'hiver dans une haie d'aubépine qui se plaindra de la diversité biologique : il peut, chaque nuit, compter sur les incursions de mulots et rongeurs sylvestre ! Autre oiseau de proie comblé : l'épervier, venant saisir sur le perchoir, moineaux, pinsons et bruants. Sans compter que c'est un refuge pour les escargots, de nombreux insectes ; donc un garde manger pour les hérissons…
Mais les temps changent… et la rentabilité rentre en jeu… au lendemain de la 2ème Guerre Mondiale, un pur produit de la puissance métallurgique, le fil de fer barbelé ôte à la haie son rôle de la 1ère heure. La clôture, alliant piquet de bois et métal hérissé, connait rapidement un succès qui à ce jour, ne s'est pas démentit. A peut près à la même époque fait son apparition un mot nouveau dans les campagnes: "remembrement". Il vise avant tout à la rentabilité, dans une conjoncture internationale dominée par la concurrence. Dans les régions bocagères, cet objectif passe par la reconstitution des domaines, au moyen d'échange et de redistribution des terres entre voisins. Une mesure qui entraîne l'arrachage et le brûlage systématique des haies car les engins motorisés, dans lesquels les agriculteurs ont tant investi, ont besoin d'espace. L'ennui, c'est qu'avec la disparition des haies, les oiseaux s'éloignent, laissant champs libre (au propre, comme au figuré) à une armée d'insectes, friands pour certains du blé en herbe, ou de la fleur de colza… La parade existe bien sûr : elle consiste à asperger les cultures de produits chimiques ! Tel est la destinée du bocage, en certains lieux, la haie a vécu, ailleurs elle s'accroche… désespérément.
Une chose est sûre : quand la civilisation déclare la guerre au coquelicot et ne se reconnaît plus dans la blanche aubépine, c'est un peu de son âme qu'elle abandonne en chemin…

pascale.chapetATgmail.com

7 commentaires:

Michèle a dit…

Alors là : BRAVO +++++ Olivier a guidé mes pas ici & comme je suis heureuse de lire tout ce qui est publié ! Déjà mon cœur de prof en SVT ( Sciences de la Vie et de la Terre )se met à battre la chamade avec ces mots : "au niveau biologique, les haies sont de véritables trésors pour la faune et la flore. La haie a un "effet de lisière", une des grandes lois de la nature, qui veut que les milieux situés à l'interface de ces deux biotopes soient d'une immense richesse : en ce cas la haie lui donne entièrement raison puisqu'elle empreinte des éléments à la fois du monde prairial et forestier, on peut dire que la haie est une "forêt linéaire"....." je suis en admiration devant ce devoir auquel je mettrai 20/20 ! Du bonheur, Gilles :). Effectivement Olivier ne pouvait pas, compte tenu de ses objectifs, publier un si long commentaire; mais constatation, alertée , je suis venue de suite !
Encore merci, bonne soirée et bon dimanche Gilles.

Gilles Desforges a dit…

Bonjour, Michèle et merci ! En fait, Olivier vient de voir que Pascale Chapet a un compte Google+ sans être dans ses Cercles, ni les tiens (je pense). Okay, les Revues sur les Haies étaient déclaré en mode public sur G+ et c'est comme ça que Pascale (qui n'est pas une écolière) est tombée dessus. Mais, Michèle, vous qui êtes censée : pourquoi Pascale ne s'est pas présentée, signe d'un pseudo, ne pense pas envoyer un courriel ? Je suis dépassé...

Olivier SC a dit…

Oui, tout ceci, sauf l'article lui même, est assez déplorable. Un ping = De l’Armagnac à Marciac

Michèle a dit…

Gilles, à votre question je ne peux que répondre que je suis dépassée & n'arrive pas à tout comprendre !
D'ailleurs déjà sur un point : je n'aime guère les pseudos ( même si chacun est libre ) ...je vais voir qui se cache derrière Pascale Chapet ( le mystère).
En plus j'ai une sainte horreur des fausses adresses + quand par exemple je contacte "X" pour une demande d'autorisation et je reste à attendre des jours sans réponse ..
Bon dimanche Gilles, mes amitiés.

Gilles Desforges a dit…

Merci, Michèle. Lorsque je parlais de pseudo, c'était ni dans le mail de Pascale, ni dans son compte à G+, mais bien dans la signature de son long commentaire... Pour vos déboires, que dire de plus si ce n'est le constat d'indélicatesses... Bonne soirée à vous !

D. Hasselmann a dit…

Les haies... la Normandie... J'ai lu récemment les mémoires du cinéaste Samuel Fuller, dans lesquelles il raconte - entre autres - le débarquement (hier, Hollande lui a rendu hommage et les médias dominants n'ont retenu que "l'excès de vitesse" que son escorte avait pratiqué pour ne pas être en retard.

Eh bien, Samuel Fuller raconte que ces foutues haies avaient vraiment gêné la progression des troupes américaines car elles dissimulaient des tireurs allemands isolés.

Samuel Fuller a fait partie de la "Big Red One" et j'avais déjà lu cette remarque dans des livres historiques sur la deuxième guerre mondiale. Le tout était de mettre ça en scène, ce qu'il fit, son légendaire cigare au bec.

Alors, votre description des haies (caractéristique du paysage et du mode de vie alors) est vraiment réussie.

Gilles Desforges a dit…

Merci, Dominique, pour votre venue en ce espace ! Cet article n'est pas de moi ; Olivier l'avait trouvé en long commentaire chez lui. Il a décidé de ne pas l'effacer totalement et m'a demandait de le placer ici... Pour Fuller ; je vous crois. Nous nous élevions contre le Remembrement des années '50, '60 en France. Enfin, Fuller aurait dû penser que ces haies avaient aussi servi aux Résistants...